Imagine un jardin paisible, baigné de lumière douce du matin. Les oiseaux y chantent, les papillons dansent d’une fleur à l’autre, les fleurs épanouies embaument l’air de leur parfum subtil. C’est un tableau parfait… sauf un détail : un coin du jardin est à l’abandon. Les mauvaises herbes ont envahi l’espace, le sol craquelle sous la sécheresse, et les fleurs autrefois éclatantes ne sont plus que des vestiges fanés. Ce jardin, c’est toi. Ou plutôt, c’est ton intérieur lorsque tu ne prends pas soin de toi.
C’est ici que commence l’histoire de Marie. Marie, c’était moi il y a quelques années, et peut-être toi aujourd’hui : une femme généreuse, bienveillante, toujours disponible pour les autres. Ses journées, minutieusement orchestrées, tournent autour des besoins de son entourage.
Au travail, elle prend soin des membres de son équipe, les écoute, les soutient. Le midi, il lui arrive parfois de courir ou de nager au lac. Mais ce moment qu’elle s’octroie, elle le paie en zappant sa pause déjeuner, pour rentrer au bureau avec la montre qui la presse déjà. C’est une heure qu’elle arrache à son emploi du temps, coincée entre un matin chargé et un après-midi qui ne laisse aucun répit.
Le soir, la course continue. Pas celle dont elle rêve, non, mais celle qui remplit ses obligations. Marie aimerait de temps à autre retrouver les sentiers de montagne, histoire de s’échapper après une journée bien remplie. Mais ce souhait semble si éloigné de son quotidien qu’elle y renonce encore, laissant son jardin intérieur dépérir un peu plus chaque jour.
Un jardin d’abondance… mais pour les autres
Marie donne sans compter. Quand ses enfants ont besoin d’aide, elle est là. Quand son partenaire traverse une période difficile, elle le soutient. Quand une amie appelle à l’aide, elle accourt. Elle arrose, fertilise et taille les jardins de ceux qu’elle aime. On peut compter sur elle, c’est sa force !
Mais si l’on regarde son propre jardin celui qui représente ses passions et ses besoins, on découvre qu’il est à l’abandon. Ses moments de créativité, ses rêves de sport et ses envies de simplement respirer, de s’évader et de se reconnecter à elle-même attendent désespérément d’être cultivés. Seulement voilà : personne ne peut arroser ce jardin à sa place.
Un jardin laissé à l’abandon finit par perdre de sa vie. Sans eau, sans soin, il s’éteint doucement.
La prise de conscience
Un jour, Marie part en montagne avec sa famille. Elle regarde autour d’elle, et la vue des fleurs des alpages lui coupe le souffle : des couleurs vibrantes, éclatantes de vie, des odeurs fraîches qui réveillent ses sens.
À cet instant, un souvenir émerge. Elle se rappelle à quel point elle aimait courir au lever du jour, légère et libre, respirer l’air frais, avec pour seule compagnie le chant des oiseaux et le vent dans les arbres. Elle sentait son corps à cette époque, tellement vivant !
Elle se souvient aussi de ce matin, où 17 sangliers avaient croisé son chemin… souvenir mémorable qui dessine un sourire sur son visage.
Wowww… gros pincement au coeur !
Elle se rend compte qu’elle a laissé cette part d’elle-même s’éteindre, qu’elle s’est oubliée à force de donner sans jamais se recharger.
Elle prend conscience du vide intérieur que cet abandon a laissé en elle… .
Comment a-t’elle pu croire que seul le bonheur des autres importait et suffirait à la remplir et à la rendre heureuse ?
Le doute
Tout cela est bien beau, mais la vie de Marie est déjà bien établie, et elle n’est pas à plaindre. Elle a un travail stable avec un bon salaire, à une distance raisonnable de chez elle. Ce travail lui offre même une certaine flexibilité pour jongler avec ses responsabilités familiales. Sa vie de couple, somme toute ordinaire, est correcte. Pas de drames, pas de catastrophes.
Et puis, tout le monde compte sur elle : ses enfants, son conjoint, ses collègues. Alors, comment pourrait-elle envisager les choses sous un autre angle ? Comment pourrait-elle justifier un changement, alors que, sur le papier, tout semble fonctionner correctement ? L’idée de tout bouleverser pour répondre à ses propres désirs, pour une passion qu’elle a reléguée au second plan, lui paraît insensée. Elle se raisonne, comme elle l’a fait tant de fois. Et une fois de plus, elle décide de mettre ses idées et ses ressentis au placard, là où ils ne viendront pas troubler l’équilibre apparent de sa vie.
Mais quelque chose a changé. Une faille s’est ouverte, imperceptible mais bien réelle. Et à partir de là, plus rien ne sera jamais tout à fait comme avant.
Une petite voix intérieure, faible mais persistante, commence à lui murmurer :
« Et toi ? Qu’est-ce que tu veux vraiment ? Tu ne peux plus ignorer ce vide qui te ronge… Qu’est-ce que toi, tu veux vraiment ? »
Le début du changement
Marie décide d’agir. Entre le mal-être grandissant qui l’habite et la joie intense ravivée par ce souvenir, elle comprend qu’elle ne peut plus ignorer l’appel à changer. Elle se rend bien compte que prendre conscience d’un problème, c’est une chose, mais oser le transformer véritablement en est une autre. Alors, pour ne pas faire ce chemin seule, elle prend une décision essentielle : se faire accompagner.
Elle choisit un accompagnement qui travaille avec elle sur les plans énergétique et émotionnel, lui permettant d’explorer en profondeur ce qui l’empêchait de s’épanouir pleinement. Dans cet accompagnement, Marie trouve un soutien moral précieux, une écoute bienveillante et un espace où elle peut exprimer ses doutes sans jugement. Elle se rend compte que cette aide extérieure est inestimable. Cela l’aide à dépasser les obstacles qu’elle aurait peut-être abandonnés seule. Cet accompagnement devient pour elle une véritable source de force, de clarté et de transformation.
Pour le moment, elle choisit de n’en parler à personne, mais elle sent bien qu’en elle, se livre un combat : continuer à tout donner pour les autres ou s’accorder enfin du temps pour elle.
Ne voulant léser personne, Marie choisit une approche discrète : elle commence par se lever trente minutes plus tôt. Juste une demi-heure pour marcher doucement, respirer l’air du matin, et observer la lueur du jour. Rien d’extraordinaire, en apparence. Pourtant, ce simple geste la remplit déjà de culpabilité. Son mental lui chuchote qu’elle pourrait utiliser ce temps autrement : plier le linge, ranger la maison, gérer ces fichus papiers qui s’accumulent.
Mais elle persiste. Et, à sa grande surprise, ces moments volés lui apportent un étrange soulagement. Une joie simple, presque enfouie, mais profondément apaisante. C’est comme si son jardin intérieur, desséché depuis si longtemps, recevait enfin quelques gouttes d’eau bienfaisantes. Chaque matin, elle goûte à ce temps qu’elle s’offre et en ressent les bienfaits. La culpabilité finit par s’estomper doucement, et Marie réalise qu’elle est plus détendue, plus patiente, dès le lever de ses enfants.
De fil en aiguille, elle ose un peu plus. Elle s’autorise un footing après le travail, ajoute quelques minutes supplémentaires et de la vitesse à ses marches matinales, jusqu’à rallonger peu à peu ses sorties. Puis vient le jour où elle franchit une nouvelle étape : une sortie en montagne.
C’était un samedi pluvieux. Les sentiers étaient boueux, le ciel gris, mais rien de tout cela n’importait. Ses baskets foulent le sol humide, son visage reçoit les gouttes avec le sourire, et pour la première fois depuis des années, Marie se sent vivante, pleinement connectée à elle-même.
Cette sensation de liberté, ce lien profond qu’elle renoue avec elle-même, lui avaient manqué bien plus qu’elle n’osait se l’avouer. Ce moment marque un tournant : ces instants volés à la routine ne sont pas un luxe, mais une nécessité. À chaque foulée, à chaque inspiration, c’est son jardin intérieur qui s’abreuve, retrouvant peu à peu sa vigueur et sa couleur.
Les défis sur le chemin
Ce chemin n’a rien eu de facile. Reprendre du temps pour elle-même, c’était apprendre à ne plus culpabiliser. S’accorder de l’importance au moins autant qu’aux autres : un véritable bouleversement.
Changer une routine est une chose. Changer son état d’esprit en est une autre.
Heureusement grâce à son accompagnement Marie a réussi à revisiter les fondations mêmes de son être, comme si elle s’offrait le cadeau de se réapproprier sa vie.
Finalement, ce n’est pas l’acceptation de son entourage qui fut la plus difficile – leurs encouragements sont même venus plus facilement qu’elle ne l’aurait cru. Le vrai défi, c’était de se choisir. De se dire, enfin : « Moi aussi, je mérite cette attention. »
Faire fleurir son jardin intérieur
Avec le temps, son jardin intérieur renaît. Ses passions, autrefois étouffées, s’épanouissent à nouveau. Elle trouve des moments pour courir, pour lire, pour s’évader. Et elle s’aperçoit que ces instants qu’elle s’accorde ne la rendent pas égoïste, ne l’éloignent pas des autres. Au contraire, ils la rendent plus présente.
Un jour, en observant ses enfants jouer dans le jardin, elle se dit : « Ils voient, à travers moi, que prendre soin de soi est essentiel. Je leur montre un équilibre, une force. »
Et toi, où en est ton jardin ?
Peut-être te reconnais-tu dans l’histoire de Marie. Peut-être ton jardin intérieur manque-t-il d’eau, étouffé par les mauvaises herbes du quotidien.
Mais il n’est jamais trop tard pour commencer à l’arroser. Commence petit.
Offre-toi quelques minutes par jour pour te reconnecter à ce qui te fait vibrer et n’hésite pas non plus à prendre un peu de temps pour te faire accompagner. Le soutien et le regard extérieur par rapport à une telle démarche sont d’une valeur inestimable.
Rappelle-toi que ta passion, quelle qu’elle soit. n’est pas un caprice, mais une partie essentielle de toi. Cette passion est est ton eau, ta lumière, ton engrais et tes racines. C’est ce qui te permet de fleurir et d’épanouir tout ce qui t’entoure.
Alors, qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui pour arroser ton jardin intérieur ?
Parce que toi aussi, tu mérites de fleurir.